Comment devient-on créatif ?
Les entrepreneurs aiment à évoquer la créativité comme un axe majeur de développement. Il est prouvé statistiquement, il est démontré empiriquement que la créativité est ce qui permet aux entreprises de rester performante et concurrentielle. Dès lors, on peut se poser la question : comment devient-on créatif ? Comment fédérer ses collaborateurs pour qu’ils révèlent le meilleur d’eux-mêmes ? Qu’en est-il de la créativité comme axe majeur du développement d’un restaurant ou d’un groupe de restaurants ?
Occupons-nous d’abord du process à mettre en œuvre pour développer la créativité dans une organisation.
Et là, attention à la marche : il ne faut pratiquement rien faire. Être créatif est une posture, une discipline, un art de vivre. On ne crée pas la créativité, on la stimule. Il faut donc simplement mettre en place les conditions pour que la créativité puisse émerger.
Et là, nouvelle marche abrupte : ces conditions sont résolument incompatibles avec les objectifs de rentabilité à court terme. Prévoir du temps où l’on n’accepte que rien ne se passe, agencer ce temps à intervalles réguliers, autoriser le recours à des techniques de pensée en apparence puériles… sont autant de choses qui ne vont pas de pair avec les exigences d’une rentabilité à court terme.
Comment inciter les équipes à développer leur créativité ?
Constituer un groupe interne de 8 personnes, incluant une personne totalement candide, et faire plancher sur une question insoluble qui pourrait bénéficier d’un regard nouveau. Mettre en phase les propositions du groupe de créativité avec les exigences du Comité de Direction qui chapeaute le tout, et le tour est joué !
Mais il y a un mais !
Comment se fait-il que la créativité retombe aussi vite qu’elle n’a émergé, pour peu qu’elle ait émergé ? Parce que les collaborateurs ne sont pas en confiance ! En quoi est-ce que la démarche créative va changer en mieux le sort des collaborateurs censés être fédérés sur le sujet ? Le dirigeant donne parfois l’illusion de partager la réflexion, mais la décision est déjà prise. Et voilà pourquoi il est difficile de fédérer les collaborateurs autour d’une réflexion commune.
Enfin, considérons maintenant la créativité dans le monde de la restauration.
Sommes-nous mieux lotis en la matière que dans d’autres secteurs d’activité ?
La créativité est-elle un axe majeur de développement ?
La réponse est oui pour ces deux questions.
Tout d’abord, parce que cuisiner est une alchimie fragile qui demande un esprit collectif éveillé.
Ensuite, parce que servir implique une réactivité permanente pour s’adapter aux différentes personnalités de clients qui s’offrent à vous.
La restauration, de part la nature de son activité, nécessite d’être réactif, ce qui est propice à la dynamique de créativité et c’est tant mieux. Finalement, le progrès pour le métier pourrait consister à valoriser à sa juste valeur ce bien rare qu’est la créativité et à s’inspirer d’autres modèles pour mieux inclure les collaborateurs dans l’aventure de la création.
Laurent Pailhès
Juillet 2019
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