Sortir de sa zone de confort
De l’oxygène, de la hauteur, des perspectives… Au quotidien, l’exercice de restaurateur ne permet guère de prendre du recul. Les injonctions s’accumulent, et on peut facilement perdre de vue les priorités. Pour un dirigeant, comment garder une certaine distance pour prendre les décisions les plus justes ?
On ne peut se garder d’évoquer l’outillage. Les outils et méthodes de gestion du temps et des priorités. En effet, c’est utile de lister les axes prioritaires, de les classer par degré d’urgence, par degré d’importance. En effet, c’est précieux d’insérer des rappels à l’agenda pour ne pas oublier de régler la TVA, de donner une réponse à une candidature, d’envoyer les données de salaires à l’expert comptable.
Qui n’a pas expérimenté la mise en place de listes de choses à faire peut commencer pour en tester l’efficacité sur les accomplissements. La performance évolue avec la mise en place de la technique. On va plus vite que les autres. Dans un monde qui accélère sans cesse, le dirigeant qui s’impose une rigueur dans l’identification et le traitement de ses priorités peut rester sur le haut de la vague.
Mais il y a un « mais ». Qui a expérimenté la mise en place des listes, des rappels et des sonneries en tout genre sait que la technique ne résout pas toutes les problématiques. Pour la raison que les listes de choses à faire ne désemplissent jamais. Une tâche en bouscule une autre. Pour la raison que la liste des axes prioritaires ne permet pas de prendre du recul. Au contraire, la technique maintient le dirigeant au ras des pâquerettes de son exercice. Elle lui fait mordre la poussière à chaque fois qu’une tâche ne trouve pas de résolution. Elle crâne fièrement en haut du hit parade des choses à faire semaine après semaine. Alors, comment faire pour que notre Sisyphe restaurateur puisse goûter davantage de moments hors du commun.
Vous avez deviné : en arrêtant la technique. En descendant du train ou de sa voiture. Et en marchant à pied. C’est ce que j’appelle sortir de sa zone de confort (ou d’inconfort). En rompant avec le rythme trop connu, nous pouvons certes en proie au vertige au départ. Mais, une fois la peur de l’inconnu affrontée, commencent à germer des idées nouvelles, des promesses et des projets. La solution universelle prend sa source là où on ne l’attend pas. Dans le rien. Et comme le tout, c’est le rien. Je prétends qu’insérer des laps de temps dans son quotidien où rien ne se passe permet de faire naître des solutions inespérées à ces problématiques tenaces.
Sortir rencontrer d’autres restaurateurs, flâner dans des salons professionnels, se réserver des plages de lecture sont quelques-uns des premiers pas vers un quotidien différent. Le dirigeant peut aussi essayer de prendre deux heures de sa semaine pour ne rien faire du tout. Il pourra alors se surprendre de porter un regard différent, plus compréhensif, envers ses collaborateurs et partenaires et avancer différemment sur le chemin de la résolution de conflits.
Finalement, et si la première chose à faire était de ne rien faire ?
Laurent Pailhès
Mars 2019
Toutes les informations et données hébergées sur ce site sont protégées par un copyright. La reproduction et l’utilisation de la totalité ou d’extraits de données sont strictement interdites, sans l’autorisation préalable de NEO Engineering. (Loi n° 57-928 du 11/03/1957 sur la propriété littéraire, industrielle et artistique – Journal Officiel du 14/03/1957 et rectificatif Journal Officiel du 19/04/1957).