Les paradoxes, ça rend fou.
Récemment, Jacques Attali a posté un article sur son site Internet : « Manger, c’est parler ».
Il y dénonce pêlemêle les incohérences de la gestion de la pandémie en France et ses conséquences désastreuses sur les restaurants.
Par exemple, je cite : « Comment expliquer qu’on ne les -les restaurants- autorise pas à ouvrir quand il est autorisé de manger à sa place dans un train? »
Qu’un ancien conseiller du Président de la République, énarque et polytechnicien prenne ouvertement défense et partie pour le secteur de la restauration, franchement, on ne va pas s’en plaindre.
Que Jacques Attali souligne que les restaurants ne sont pas uniquement des lieux de consommation alimentaire mais également des lieux de la conservation et de la transmission, jusque-là, nous sommes bien d’accord.
Dans un restaurant, on mange, on boit, on salive, on imagine, on s’éduque, on attend, on s’améliore, on s’épanouit.
Faut-il préciser que ce « on », c’est tout un chacun, naturellement ?
Combien de contrats ont été signés pendant ou après un repas d’affaires ? Combien de familles s’y retrouvent pour un mariage, un baptême, un enterrement ? Et combien d’amours y naissent et s’y déclarent ?
Je n’ose supposer que Jacques Attali découvre l’utilité sociale des restaurants. Je reste néanmoins circonspect lorsqu’il évoque une lente et sournoise action à l’œuvre par « les pouvoirs » en place, qui n’ont pour d’autre but que de tuer les moments de repas. Pour quelles raisons ? Parce que, selon lui, un restaurant est subversif puisque précisément le lieu de la transmission de l’humain.
Autant la thèse, je le conçois, peut être intéressante à argumenter autour d’un bon repas justement. Autant ce n’est pas l’heure des conjectures. A-t-on besoin aujourd’hui d’une nouvelle supposition conspirationniste de la part d’une personnalité proche desdits pouvoirs qu’il dénonce ?
Nous n’allons pas gagner cette épreuve en laissant supposer que le monde de la restauration est sciemment mis à l’arrêt parce que ce qui se passe dans un restaurant nuit à la société capitaliste.
En écrivant cela, je n’irai pas jusqu’à cautionner ma faiblesse qui est celle de ne pas considérer M. Jacques Attali comme étant crédible. Nous, les restaurateurs, n’avons pas le monopole du bon goût.
Cependant, et afin de gagner en efficacité, j’invite à joindre l’action à la parole. C’est à dire, par exemple, d’aller chercher à manger au restaurant et de s’y asseoir en tailleur sur le trottoir avec son burger, son sandwich ou son mets favori. Que cet acte de résistance soit filmé et largement diffusé dans les media complices desdits pouvoirs et sur les réseaux sociaux.
Tout comme j’invite une autre politique attachante, Mme Roselyne Bachelot, actuelle Ministre de la Culture, à se saisir du trousseau de clés du musée du Louvre et à réouvrir l’accès à la culture.
En lieu et place de dire tout et rien sur les plateaux télés de BFM et consorts.
Les restaurants, les musées sont indispensables à nos sociétés ? Tiens donc…
Nous l’avons toujours su.
Laurent Pailhès
Consultant Gérant de NEO Engineering
Février 2021
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